[Fermé] Une destinée colorée.

Spoiler:

Les sages paroles de mes frères chamans me semblent bien plus claires à présent, cette vibration oppressante qui écrase mes tympans troublant mon ouïe d'un son menaçant. Le feu est en guerre et il nous chante déjà sa victoire.

Ces torrents de lave, ces éruptions, ces nuages noirs et denses... Les avertissements continus de cet élément si pénible à supporter, rythmés par les impacts de projectiles incandescents qui ne cessent de frapper le sol couvert de cendres qui se dispersent et se collent à nos peaux ruisselantes.

Je plisse les yeux derrière mes lunettes embuées pour tenter de lisser les traits de l'horizon que l'étouffante chaleur trouble pour nous rappeler qu'elle a le contrôle sur nos sens. Tel un mirage la silhouette de Nësa ondule à quelques pas devant moi, je m'approche pour la distinguer, sa présence devient net et ses gestes me sont clairs désormais, la championne se débarrasse d'un sbire de Ragnaros.
Son armure lumineuse et sa confiance en elle me permettent de ne pas la perdre de vue malgré les conditions extrêmes, épaulées par la téméraire diversité de l'Alliance nous avançons et affrontons les premiers remparts qui se dressent entre nous et le seigneur du Feu.

Je reste en retrait, utilisant l'héritage de nos vénérés Naaru pour apaiser les douleurs des grands brûlés. Je remercie la fierté de ces combattants, restant silencieux la mâchoire serrée, n'exprimant pas la violence du traumatisme subit. Je ne sais pas si je pourrais supporter ces cris et ce crescendo de barbarie, je jouis déjà de cette ambiance propre à mon éveil, tôt ou tard je céderai mais ce n'est pas ce que je souhaite.

La bienveillance et la douceur de la druidesse kaldoreï qui me succède après mes prières pour panser les blessés de plantes qui semblent se moquer du climat, m'aide à rester celle que je fus, celle que j'ai toujours aimé être.

La mêlée avance en notre faveur, derrière les lignes de nos combattants exaltés gisent des corps de créatures qui défendent ce royaume. Je me penche sur l'un d'eux à l'agonie. Je grimace à la vue de cet être aux traits ingrats, à l'apparence hybride et à l'air mauvais.

Je me teste et le fixe, je ressens peu à peu le besoin de rire de son état, de lui faire regretter d'avoir obéi au désir destructeur de son seigneur, de songer à bruler le monde d'Azeroth où de purs et innocents êtres auraient été consumés vifs par sa faute.
Abjecte créature, malfaisante souillure, les lames de mes compagnons ne sont pas aussi sournoises que les flammes sadiques que tu sèmes. Regrette ta prise de position, hurle et implore ton expiation. Ecrasant sa plaie de mon sabot, je m'exprime totalement... Après avoir été si longtemps étouffée par un devoir, une prestance et une image, je me défoule sur ce misérable corps, devant le regard médusé de l'elfe qui me demande ce que je fais.
De quoi se mêle t-elle, sait-elle au moins ce que ça fait de faire pleurer le bourreau ?

Mes lèvres brulent et l'air ambiant n'en est pas la cause, elles contiennent un flot de vulgarités que je m'apprête à lâcher à cette bienveillante druidesse qui se fait un peu trop insistante, quand soudain j'entends une voix qui m'interpelle.
Je tourne la tête à m'en faire craquer les os du cou, découvrant une silhouette elfique typée sin'doreï... Un frisson parcours mon échine et je prie pour qu'elle me soit hostile que je puisse la faire couiner mais l'écho de sa voix chasse tout désir violent, je suis contrainte de l'écouter attentivement.

"Jeune anachorète, restez tranquille et écoutez mes paroles. Ma vocation est de vous chercher pour vous emmener auprès de l’être auquel nul ne peut échapper. Retrouvez-moi à Hurlevent, draeneï, car votre heure est venue."

Je retourne la tête en direction de l'elfe aux sourcils arqués, je lui coule un doux sourire et m'excuse. Je suis de nouveau sereine, je me dois d'accomplir ma mission avant de vérifier que cette troublante apparition ne soit pas le fruit d'une hallucination provoquée par les conditions extrêmes que mon corps subi depuis que nous sommes sur les terres de feu.


à suivre...

De l'air frais... Qu'il est bon de sentir sa peau caressée par une brise complice.
J'inspire profondément et m'offre à la beauté de la contrée d'Hyjal en écartant mes bras que je peine à lever.

La percée des vengeurs d'Hyjal se maintient mais les lieutenants du Seigneur de Feu sont un véritable obstacle, charger tête baissée serait une défaite assurée, l'armée à besoin d'un plan.
Puisse les Naaru veiller sur ceux qui défendent nos lignes, le temps que nous autres puissions nous requinquer.

A mes cotés se tient ma protectrice, Nësa. Son armure si rutilante peine à scintiller derrière une couche de cendres noirâtres, son long toupet cachant son regard incandescent est collé par la transpiration. Je lui souris lui exprimant mon admiration et ma satisfaction de la savoir indemne, elle me le rend en déposant sa main gantée sur mon épaulière.

"Allons, Grande Anachorète... Vous savez bien que je suis invincible, vous devriez le savoir depuis le temps." me dit elle avant de rire.

Je la fixe d'un air hésitant, mon esprit se demande si je dois lui rapporter ma vision, mais mes lèvres se croisent mon visage me trahit ce qui pousse ma protectrice à m'interroger.
Je lui confie alors ce que j'ai ressenti, quelque peu perplexe quant à ma description elle se propose quand même de m'accompagner en Hurlevent.
Me tendant sa main puissante pour m'aider à grimper sur le dos de sa monture, Kani, une raie du néant réputée pour son caractère, nous nous dirigeons vers le portail pour le centre névralgique de l'Alliance.

De l'autre coté du passage arcanique dans la tour des mages, je peine à conserver mon équilibre comme à chaque fois que je traverse ces portails.
A peine ai-je le temps de me sentir à l'aise dans mes sabots que raisonne la voix de celle qui m'apparut. L'acoustique de cette grande salle, fierté de l'architecture humaine, fait raisonner en un écho les paroles que l'on m'adresse.
Je me retourne, lentement cette fois ci, pour découvrir une humaine vêtue d'une tenue qui m'interpelle.
En toute discrétion, avec les sourcils légèrement arqués je m'assure que sa présence soit bel et bien physique, inutile de passer pour plus folle que je ne suis aux yeux du Redresseur de torts qui m'accompagne.

Avec grâce et élégance la femme s'approche en arborant un maigre sourire, je suis surprise d'être persuadée que c'est la personne qui m'a contacté alors que dans ma vision il était question d'une sin'doreï.
Elle incline légèrement la tête et s'exprime.

"C'est un plaisir de vous voir, Anachorète. C'est aimable à vous d'être venue aussi vite.
Pour des raisons qui me sont inconnues, mon maître souhaite s’entretenir avec vous.
Je vous conseillerais de ne pas prendre cette invitation à la légère, Mjik.

Anachronos a peu de raisons d’interagir avec les humanoïdes. Le bon sens suggérerait d’aller le trouver dans les grottes du Temps immédiatement.
Avec votre accord je vous y conduirai moi-même."

Je ne peux qu'exprimer mon étonnement à l'écoute de ses propos, j'interroge du regard Nësa pour rester sur terre car il est très difficile de converser avec ces dragons à la teinte dorée. Je ne suis plus une draeneï mais une simple page d'un livre qui raconte l'histoire de Mjik, livre que le vol de Bronze a déjà lu.
Je me sens nue, vulnérable et inquiète... Qui sait si je ne peux pas deviner dans leur regard ma mort prochaine où la fin de tout ce que j'aime ?

Dans le regard de mon amie, je perçois son avis. Je sais qu'elle m'accompagnera jusqu'au bout, après tout elle est garante de ma sécurité.

"Je serais honorée de rencontrer votre maître, dragonne. Je désire seulement être accompagnée du Redresseur de torts qui veille sur moi.
Si cela ne vous pose pas de soucis, vous pouvez nous emmener avec vous."


à suivre...