[Ouvert] L'expédition

Sous une fine pluie Terokkarienne, dans le calme et la quiétude Aldori, Mjik se rendit auprès de la Grande Prêtresse Ishanah. Devant le successeur de Velen l'Anachorète s'inclina avec le visage crispé sous les regards lumineux des habituels spectateurs des tensions entre les deux femmes. Le respect entre-mêlé d'amertume qui ne se prononçait qu'en de rares occasions ressurgît brutalement depuis les derniers événements ayant lieux en Azeroth.

"Mjik, je n'avais pas eu vent du retour de ta mine radieuse de l'acolyte que tu as été." Ironisa la responsable de l'Aldor.

"Il est triste que vous vous en amusiez, Grande prêtresse, peut-être cela vous aide t-il à déculpabiliser ? Je ne vous ai pas demandé de votre temps ni celui de mes frères et soeurs pour m'attarder sur mon cas, je souhaiterais une nouvelle fois vous rappeler qu'un conflit majeur réquisitionne les éminents chamans de notre peuple. Roués et Intouchés du Cercle Terrestre se retrouvent au centre de conflits majeurs. Nous n'avons peut-être pas les effectifs de l'humanité, nous ne sommes pas enracinés dans ce monde qui tout juste nous a accueilli mais il est important de mettre un terme à toute menace en Azeroth pour pouvoir aspirer à renforcer l'armée de Lumière. Rappelez vous des mots de Nobundo, ce que font actuellement nos frères élémentalistes est ce que chacun d'entre nous devrions faire ce monde transitoire ou futur foyer, Azeroth doit être libre. La prochaine génération sera majoritairement Azerothienne, nos enfants doivent être préservés. Permettez moi d'y contribuer ne laissez pas la voix des Naaru s'atténuer, nous sommes fiers et courageux montrons le à ces êtres qui n'ont pas encore assimilé notre culture..." Commença Mjik devant le cercle d'Anachorètes.

Après un long soupir qu'elle poussa devant les mots que Mjik ne cessait de présenter devant elle depuis l'éclatement d'Azeroth. La dirigeante de l'Aldor frappa sur le sol de son bâton à plusieurs reprises.

"Tu as déjà eu cette occasion et ce privilège. Ta dernière expédition s'est conclue par une blessure qui aurait pu t'être fatale. Tout ce que tu avances depuis un certain temps est juste. Mais je ne souhaite pas retrouver la Cinglée du Soleil Brisé ni te perdre parce que tu souhaites que notre peuple ne soit pas stigmatisé par une non implication ou une éventuelle peur des conflits. Car oui, ce que je vois en ces actions derrière toute ta bienveillance qui t'anime n'est qu'un combat d'orgueil devant des êtres qui nous méprisent par ignorance ou indifférence. Souviens toi des rapports du Norfendre.
Je ne vois pas pourquoi je mettrais en danger ta stabilité ni même ta vie ainsi que celles de ceux que tu as choisi pour assurer une sécurité supplémentaire à nos frères chamans qui sont visiblement déjà protégés."

La tête baissée Mjik repris d'une voix tremblotante jouant sur la corde sensible de l'assemblée "Protégés par des gens qui comme vous le dites méprisent ou ignorent notre culture... Vous avez déjà une petite idée de la cruauté du genre humain, leur facilité à rire de la différence et de la faiblesse d'autrui... Ne croyez-vous pas que la présence aussi minime soit-elle de notre communauté ne serait pas un bien meilleur réconfort durant leur dur labeur? Laissez moi partir en Uldum, je m'entourerai de ce qui se fait de mieux... La Cinglée est très bien contenue, le Commandant Nësa sait parfaitement comment la contrôler et avec les personnes que j'ai sélectionné il y'a peu de chances que je sois confronter directement à la violence si elle se manifeste."

La Grande Prêtresse dévisagea sa subornée dans un long silence avant de le briser d'une courte phrase "Laisse moi y réfléchir, mais tu me le paieras d'avoir une fois de plus joué cette carte avec moi. Tu peux te retirer et ne reviens pas dans l'immédiat" Entre complicité et dédain un maigre sourire se dessina sur le visage de l'Anachorète. Dans le silence Mjik se retira pour retrouver la présence de sa protectrice, le Commandant Nësa qui devait rentrer de mission pour lui exposer son projet d'expédition en Uldum...

Les jours, les semaines puis les mois s'étaient écoulés et si l'expédition avait pris un certain retard, la situation en Uldum, elle, s'était malgré tout arrangée.

Sur les terrasses de l'Aldor où les cartes et les plans d'attaque avaient été établis afin de ramener le calme dans ces terres arides jusqu'alors dissimulées par les Titans, s'impatientait la grande anachorète Mjik à l'intérêt prononcé pour les Tol'vir et leurs descendants, la donne avait changé et elle le savait.

"Ma soeur..." La raie du néant qui l'accompagnait prit son envol après avoir laissé le redresseur de torts sur les pavés.

"Commandant, enfin vous voila... Je commençais à trouver le temps long." Sous son chaperon, l'élue d'Ishanah souriait, heureuse de retrouver sa semblable qui elle n'affichait visiblement pas la même joie.

"Je crains d'avoir en ma possession des nouvelles peu réjouissantes, ma soeur." La draeneï frappa de ses sabots le sol en s'avançant pour rejoindre sa cadette au bord du vide et, crispée, de toute évidence préoccupée, reprit. "Klane, depuis son départ pour le mont Hyjal en éclaireuse, n'a plus donné signé de vie. Nous devions suivre et je pense qu'il est temps de nous mettre en route. Votre curiosité pour les habitants de Ramkahem devra attendre, quant aux éléments de sa région... Eh bien, j'ai bon espoir que la situation soit en passe d'être réglée. Nous nous sommes ces derniers jours longuement préparées pour cet assaut, le cercle terrestre requiert notre présence car ce qui se passe en ce moment même en Hyjal ne peut plus attendre."

"Vous connaissez Klane, elle est aussi dévouée qu'étourdie, je suis certaine qu'elle est trop occupée à se battre pour rédiger quoi que ce soit sur un bout de papier afin de nous l'envoyer..."

"Puisse A'dal vous entendre et lui apporter son aide, grande anachorète. Quoi qu'il en soit, nous étions sur le point de nous rendre dans ces terres calcinées et la compagnie de nos anciennes comme de Tiirna et Yavëkamba ne serait pas de trop. L'expérience des premières et celle du redresseur de torts représenteraient un atout, j'imagine que notre jeune impétueuse ne saurait rester indifférente au sort de ce coin du monde si cher aux kaldoreis... Quant aux autres, j'ai bien peur que le manque, et d'entrainement, et de vécu plus généralement ne fasse défaut, inutile de les envoyer vers une mort quasi certaine."

"Hélas, je suis incapable de dire où nos soeurs se trouvent actuellement, les anciennes sont..."

"Hélas, oui, comme vous dites." Froids et lâchés sèchement, les mots du commandant pour interrompre sa semblable n'avaient d'égal que l'once de mépris qui se lisait dans son regard, un silence pesant s'installa alors sur le balcon de l'Aldor où se tenait la discussion. Mjik, terrée dans son mutisme, se contenta d'observer Nësa du coin de l'oeil jusqu'à ce que cette dernière n'intervienne à nouveau. "Qu'importe. En Quel'Danas, nous n'avions besoin de personne. Xi'ri m'a offert sa bénédiction et c'est là tout ce qu'il me faut, le cercle terrestre se chargera de nous orienter alors n'attendons plus."

Par une nuit calme et paisible sur les terrasses, à une heure tardive que l'on devinait malgré l'absence de voute céleste sur Draenor. Des tintements métalliques, cliquetis mécaniques et soupirs de mécontentements troublaient le silence de la chambre de la Grande Anachorète faiblement éclairée sur son plan de travail.

"Par la luminescence de M'ori ! Pourquoi a t-il fallut que cette idée me traverse l'esprit ?" Grommela Mjik en agitant ses doigts fins sur la monture de ses lunettes d'ingénieur.

Sur la table reposait l'une de ses fiertés totalement désossée, les pièces soigneusement organisées tout autour de la carcasse complexe cramoisie afin de ne rien négliger.
Penchée sur un composant, elle amena la flammèche d'une bougie pour observer la réaction de ce qui s'apparentait à un cristal d'origine draenique.
Le minéral translucide aux reflets irisés changea progressivement de teinte pour s'unir en un rouge de plus en plus vif au fur et à mesure que la flamme s'en approchait.
Le visage fin de l'exilée se déforma en un large sourire de satisfaction trahissant la réussite de son expérimentation. Toujours avec cette minutie qui la caractérise elle déposa lentement ce qu'elle tenait en main, saisit le porte plume draenique qui reposait sur un parchemin pour gratter quelques notes aux airs de gribouillis alors qu'un soupir de soulagement se dégagea d'entre les lèvres de Mjik.

Lâchant le stylo pour croiser ses doigts sous son menton elle resta figée et pensive en regardant droit devant elle, changeant sa mine au grès de ses pensées qui à la lecture de ses traits s'assombrissant peu à peu trahissaient leurs empruntes sur la draeneï.
Les joues creusées, les sourcils froncés, la bouche de biais, si face a elle se trouvait un miroir elle aurait pu découvrir le faciès de celle qu'elle eut toujours du mal à assumer.
Son être se mis à trembloter de spasmes incontrôlés, légers et irréguliers, ils n'en demeuraient pas moins le manifeste de l'être qui s'impatientait de se rendre sur une zone de conflit. La carapace se brisa laissant quelques instants celle qui sut se défendre pendant le génocide, se démarqua en Ombrelune et Quel'danas; le plaisir de rappeler qu'elle existait toujours.

Aussi vite que cela se manifesta, le visage expressif de la prêtresse se décrispa partiellement pour laisser l'emprunte de la stupeur malmener la frimousse souvent rayonnante et paisible de Mjik.
Elle se tourna les lèvres entrouvertes, perturbée et troublée par l'intervention de la cinglée, elle fixa son lit qui se trouvait derrière elle.

D'un geste empressé elle se leva de sa chaise et rejoignit les draps qu'elle avait abandonné pour parfaire son idée spontanée, comme si en ce moelleux support se trouvait la solution à son anxiété. Subitement détendue et décontractée elle s'endormit rapidement donnant à ce pique d'angoisse des allures de mauvais rêves.

[réservé]