Rukadar Ashjrakamas
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 Dans les entrailles d'Auchindoun

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Sévérité

Sévérité


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Date d'inscription : 03/08/2011

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MessageSujet: Dans les entrailles d'Auchindoun   Dans les entrailles d'Auchindoun Icon_minitimeJeu 4 Aoû - 17:46

--- Flint Glass ~ Incantation




Et l'os perdit l'équilibre.

Au sommet de sa colline mortuaire, il oscilla, tangua, parut hésiter avant de céder, par lassitude. Dégringola alors, claquant contre ses mille frères et soeurs à chaque rebond jusqu'à rouler, pathétique coquille, dans la poussière et la cendre - plus bas, bien plus bas - et stopper ici sa chute.

Un peu plus loin, en écho, on bougea.

La main, lente, froissa le tissu. Serra le col - juste un peu, pas trop, jamais trop. Lissa le reste de la robe puis, déployant ses phalanges, pris appui sur le sol souillé. Sans hâte, la draenei se redressa, étira une silhouette amaigrie et voûtée par le temps. Dans la pénombre des salles mortuaires, elle était seule debout. Et, sous les arches vastes et brisées, son souffle était le seul à déranger la poussière.

Elle qu'on appela Sévérité fit un pas, un second. A peine relevée, elle se pencha à nouveau - mais non pour se rassoir, car ses mains fouillèrent l'épaisse couche de cendres jusqu'à saisir l'os esseulé, celui qui s'était senti assez de vigueur pour rouler au bas de son propre trône. Les ongles patinés par des siècles de vie trouvèrent le dôme irrégulier de ce qui devait être un crâne, l'empoignèrent alors, le soulevèrent hors de son suaire de suie et le brandirent sous la lumière du regard. Essuyant avec patience son trophée, Sévérité sourit. A l'épreuve de ce sourire - rare sur le visage minéral - ses lèvres se couvrirent de mille et une petites fissures.


- Ah, oui. Le salut par la Lumière, Neluu, toi dont je connus les premiers cris à l'aube de ta naissance. Affectueuse, la main lissait l'os. Encore, toujours, comme une caresse distraite. Tu grandis comme une plante, et mourus comme une étoile. Brusquement, à grands éclats. J'ai encore en tête les chants de ta soeur et de ton fils, penchés sur ta dépouille. Ils étaient beaux. Ils étaient poignants. Ils ne sont plus, désormais, que de vieux souvenirs. »


Avec délicatesse, les longs doigts cherchèrent la maxillaire, ôtèrent sans effort les quelques tendons secs et durcis qui joignaient encore l'os articulé. Libérée, la mâchoire tomba à terre. Sévérité la repoussa d'un sabot sans la regarder.


- Voilà quelque temps, maintenant, que plus personne ne nous rend visite. Oh... Bien sûr, ils sont venus. Quelques fois. Le bras levé, l'acier brandi. La bouche tordue de colère et de fureur. Plus de chants pour nous, Neluu, plus de rites, plus d'offrandes. D'où que je puisse me tourner, je ne vois que cent dos hostiles. Les miens ne sont plus les miens. A ramper dans l'ombre des Sha'tar, ils ont oublié la vraie voix de la Lumière. »


Elle soupira. L'écho reprit ce soupir et le fit ramper sous les voûtes, long, sifflant. Du silence passa avant que la voix grave et rauque, étrangement douce, de la draenei ne résonne à nouveau. Au crâne seul vouée.


- Tout aurait pu se passer autrement, pourtant. Nous leur aurions parlé, ils nous auraient écoutés, ils nous auraient suivis. Nous aurions préparé, auprès du seul vrai Prophète, la venue de la Dernière Aube. Tous ensemble, oui, Neluu. Tous ensemble, nous nous serions baignés dans le sang de D'ore, versé pour nous. Et nous serions nés à nouveau, transfigurés. Cela aurait été beau, Neluu. Cela aurait été apaisant. »


Une canine céda, sous la pression de deux doigts serrés. Une à une, les dents tombèrent en pluie dans la poussière, méthodiquement ôtées de la mâchoire morte comme des perles hors de leur écrin.


- Sourds, aveugles. Cloîtrés dans la Cité-Refuge, l'oeil tourné vers l'intérieur. Gesticulant au nom de causes qui ne les concernent plus. Déments. Mais point encore perdus, Neluu. »


L'oeuvre était achevée. Soulevant le crâne jauni à hauteur de regard, Sévérité en étudia les reliefs, les bosselures et les craquelures. Une énième fois, elle le lissa de la paume et, cette fois, hocha la tête, satisfaite.


- Car ils reviendront. En cette heure où le monde qu'ils ont choisi pour ultime étape se débat dans l'agonie, ils se souviendront de nous. L'ombre quittera leur esprit, et leur regard s'éclairera. Humblement, ils courberont le front - et nous poserons nos lèvres sur chacun d'entre eux. Mais pour cela, Neluu, oui... Pour cela, il nous faut les guider. Eclairer leur nuit de nouveaux fanaux. Et tu vas m'y aider. Toi, et tous ceux qui sont tombés. Tous ceux sur qui plus personne ne veille, pour qui plus personne ne prie, et pour qui plus personne ne pleurera jamais. »



Dans les cieux fracassés d'Auchindoun, à l'horizon du Désert des Ossements, s'éveillèrent trois feux.

Le premier naquit à l'Est, et sa fumée portait l'odeur de chairs et de sangs morts depuis longtemps.

Le second naquit à l'Ouest, et sa fumée portait l'odeur de la suie, de la cendre et de la poussière.

Le troisième naquit au Sud, et sa fumée portait l'odeur d'os et de cornes mille et mille fois broyés.


Après quelques cycles, l'un après l'autre, chacun d'entre eux mourut.

Mais l'odeur, elle, demeura.
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Hishani

Hishani


Messages : 30
Date d'inscription : 02/06/2011

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MessageSujet: Re: Dans les entrailles d'Auchindoun   Dans les entrailles d'Auchindoun Icon_minitimeVen 5 Aoû - 8:03

Posé sur son pupitre, un livre usé et poussiéreux est encore ouvert. La dernière page visible n'est qu'en partie couverte d'écritures. Une plume et son pot d'encre fermé trahiront aussi leur utilisation récente. Tandis que le style visiblement lent et soigné, les lettres rondes montrant même une pointe de paresse et la tendance à l'étalage, pourraient donner une idée sur le dernier utilisateur.

Citation :
Mon cher ami,

voilà bien des lunes que je n'ai pas dépoussiéré les pages pour vous écrire. Trop occupée ou trop distraite pour le faire, rarement présente et déjà repartie. Vous devriez commencer à me connaître pour vous douter du manque de temps que j'ai parfois à vous consacrer.

Mais l'heure est aux retrouvailles, alors j'essayerais de vous combler, à défaut de tout vous conter. Hélas, mille fois hélas, il me faudrait plus de temps pour vous l'écrire que de le vivre une seconde fois. La raison de mon soudain retour sur ces pages est bien au delà de l'envie de déballer des années de voyages passionnants, de rencontres, de dangers. Des souvenirs, plaisirs et douleurs qui feraient tourner la tête de tant d'aventuriers aux existences éphémères.

Pour vous, ce ne sera donc qu'un événement. Récent, intriguant ou tout du moins méritant une once d'attention de ma part depuis les quelques jours de repos mérités que je m'accorde dans les murs de Shattrath. Il m'arrive de prendre un peu de mon temps pour marcher, histoire de réfléchir, de flâner et qui sait, peut être de tomber sur l'inattendu, au détour d'un chemin ou d'un muret.

Et j'en viens à notre affaire. Alors que je m'étais arrêtée dans les hauteurs du degré des clairvoyants, profitant des parterres de fleurs et de la fraicheur d'un vent de soirée, mon regard et peut être aussi mon intuition se portait vers le sud. Par delà la couverture des arbres de Terokkar se dissimulait la grande désolation, celle dont l'épicentre n'était autre que la nécropole d'Auchindoun.

Pourquoi citer cet endroit précisément? Pas pour la simple image morbide qu'il procure, ni pour les souvenirs et les peines qui y sont enfouies. Je n'ai pas encore l'orgueil de troubler le sommeil de nos défunts sans une raison. Car raison il y a. Alors, si mon regard s'est porté vers cet endroit, sans voir ni réellement sentir ce qu'il s'y tramait, je sais avec certitude que ce n'était pas un hasard, comme souvent lorsque mes entrailles parlent avant mon esprit.

Voilà, mon très cher ami. Je crains de déjà devoir vous quitter. Ma curiosité prenant lentement le pas sur la prudence, j'essayerais d'abord de poser quelques questions anodines, de ci, de là. Entre ceux qui reviennent de chasse, les gardes en patrouille. Peut être irais je jusqu'au bastion Allérien, m'informer des dernières bizarreries que les Humains vivant la bas ont pu noter.

Et même si l'idée de me rapprocher dangereusement des ruines ne m'enchante guère, je souffrirais d'apprendre qu'une nouvelle présence souille les lieux, arpentant les couloirs et profanant les sanctuaires de ceux qui méritent repos et solitude. Je souffrirais, mais je prendrais encore sur moi pour repousser les ténèbres, comme je l'ai toujours fait.

Votre Hishani.
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