[Fermé] A la redécouverte de Draenor

Spoiler:

"Ici, sur cette page encore vierge, je couche les premiers mots de ce carnet de voyage en Outreterre."





C’est au détour d’un pont enjambant les canaux de la grande cité humaine que je rencontrais une draeneï, presque par hasard. Je me souviens l’avoir observée, puis d’avoir engagé la conversation de façon anodine avec cette étrangère à la cité, tout comme moi. A ce moment là, je n’aurais pas suspecté que cette simple conversation suivie de son invitation à passer à Shattrath allait me ramener en Outrterre pour plusieurs lunes.

J’avais déjà franchi la porte des ténèbres peu auparavant, à la demande des druides cénariens. Pour eux, j’avais arpenté les marais de long en large et combattu les nagas qui avaient suivi le traitre dans sa quête de revanche. De toutes les investigations que j’avais menées pour eux, certaines m’avaient laissées un goût d’inachevé, une sensation d’inexpliqué ou d’inexplicable.

Etait-ce pour cette raison que j’acceptais l’invitation de me rendre à Shattrath, par curiosité ? Ou alors était-ce parce que je j’étais intimement convaincue que nos deux mondes étaient liés par autre chose que les événements tragiques des dernières dizaines d’années. Encore aujourd’hui je ne peux me prononcer.

Sans hésitation, avec l’espoir de trouver les réponses à mes questions, je préparais mes affaires et me rendais une nouvelle fois à la porte maudite.

Sur place, je reprenais contact avec les envoyés cénariens et récupérais les indices qui n’avaient pas trouvé leurs réponses. A mes yeux, ces plantes du marécage étaient symptomatiques. Parmi celles-ci, certaines étaient des plantes locales, tandis que d’autres étaient originaires d’Azeroth. Ces dernières avaient-elles été importées par les nagas ou par d’autres encore ? Etait-il possible qu’en quelques années des plantes d’Azeroth s’acclimatent et prospèrent dans ce monde ? Etait-ce un danger pour la flore et la faune locale originelle, ou une assimilation naturelle et enrichissante? En somme, un vide comblé par la nature.

Il y avait bien d’autres indices qui restaient pour l’heure sans réponse. Par exemple, comment se faisait-il que la faune gangrénée d’Azeroth et de l’Outreterre soient si différentes dans leurs manifestations. Evidemment, les sangliers corrompus qui peuplent les environs du portail de part et d’autre portent le même genre de stigmates. Mais que penser des ours et de cerfs de notre défunte forêt de Gangrebois. La corruption était si différente dans ses manifestations que je n’avais pas de réponse. Etait-ce simplement du aux lois si différentes qui régissent ces deux univers ?

Nous savions si peu sur l’Outreterre, si peu sur sa faune, sa flore et ses origines. Je ne peux m’empêcher de me dire que la Légion avait apporté son lot de misères, mais que chaque monde réagissait à sa manière. Mais d’un autre coté, qu’il serait simple et rassurant de se reposer sur le constat que les stigmates infligés à la faune d’Azeroth sont moindres, en comparaison avec l’Outreterre. Et si cette différence n’était que temporelle et que cette corruption était toujours en constante évolution ? Cela voudrait peut-être signifier que le destin d’Azeroth emprunte le même chemin de Draenor ?

Libérée de mes obligations directes envers l’expédition cénarienne, je me surprends à contempler ce monde sous un autre regard. Serais-je prête à m’ouvrir à la culture draeneï et à ainsi mieux comprendre et ressentir ce qui s’est passé en Outreterre ?

J’espère le découvrir avec l’aide de cette draeneï.

Fouler à nouveau le sol de l’Outreterre me procura un sentiment étrange et confus. J’étais enthousiaste à l’idée d’approcher les draeneïs et d’en apprendre plus sur eux et leur monde, et tout autant dégoûtée de voir que la porte était toujours menacée par les minions de la Légion. Je me hâtais de quitter la péninsule dont les paysages déchirés par les conflits n’imposaient à mes yeux que ce que je connaissais déjà de l’Outreterre.

Arrivée à Shattrath, je me mettais à la recherche de cette draeneï que j’avais aperçue à Hurlevent. Très vite je réalisais que comme auparavant, pour moi, tous les draeneis se ressemblaient les uns aux autres. Que leurs traits aient été fins ou rugueux j’avais un mal fou à les différencier. Par un heureux hasard, le sanctuaire accueillait aujourd’hui des membres de l’expédition cénarienne. D’après mes souvenirs, le cercle s’était tenu longtemps à l’écart de la cité « sanctuaire ». Je profitais donc de cette opportunité pour m’accoutumer à cette ville auprès de mes « frères ».




Je n’avais pas encore prise mes repères que par une fin d’après-midi mon regard croisa celui d’une draeneï. Je crois que c’est elle qui me reconnut la première. Très vite nous échangions et partagions les premières impressions que nous avons laissées à chacune.

Passé le moment de la prise de contact, je lui dévoilais aussitôt les raisons de ma présence ici. Je lui relatais toutes ces choses que j’avais découvertes lors de mon précédent voyage et qui n’avaient par trouvées de réponses. J’appuyais mes propos en sortant quelques morceaux de plantes provenant du marais qui, je le savais, recelaient les preuves d’un échange entre nos mondes. Sa réaction se fit de plus en plus positive à mon égard et bientôt elle fût rejointe par une de ses consœurs.

Celle que je prenais pour une de ses égales se présenta comme la grande anachorète Mjik. Médusée, je me rappelais que dans mon empressement je ne m’étais présentée. En m’inclinant, je me présentais sobrement, sans faire étalage de ma ligné familiale ; me disant que le protocole désuet kaldoreï ne pouvait avoir d’importance à leurs yeux et qu’en invitée il valait mieux que je n’impose pas nos traditions qui avaient perdue tant de sens au fil des millénaires.

Nësa, car c’est ainsi qu’elle se nommait, m’encourageait aussitôt a montrer à nouveau les fragments de plantes à la grande anachorète. A la demande de cette dernière j’exposais à nouveau les motifs de ma venue. Les réactions de cette draeneï, si influente soit-elle, furent tendres et personnelles, je dirais presque maternelles.
La grande anachorète avait vécu de nombreux siècles dans les marais et ces plantes la rappelaient à un temps béni. Nous, Nësa et moi –même, l’écoutions attentivement évoquer le passé de cette terre au travers de propos personnels.

Entretemps, une troisième draeneï s’était jointe à nous. Eosin, de son nom, était une jeune pisteuse au service de Mjik.

Sans que j’en fasse la requête, la grande anachorète Mjik m’avait confiée à la pisteuse Eosin pour explorer les régions qui bordaient Shattrath. Avec l’aide de ma guide, j’espérais approfondir ma connaissance des lieux et dépasser l’évidence des constats visuels. Beaucoup de voyageurs s’arrêtent aux différences. Je n’avais pas échappée, lors de ma première venue.

A peine nous étions-nous enfoncées dans la forêt qu’Eosin me demandais pourquoi j’observais avec tant d’attention cette végétation parsemée de cristaux. J’étais fascinée par la structure de l’écorce des arbres qui ressemblait un peu à de gosses écailles des carapaces de tortues. Ces sortes d’écailles se soulevaient par endroit pour laisser apparaitre une gerbe de feuilles dures à leur base qui finissaient en touffe épaisse de feuilles tendre. C’est comme si le tronc et le feuillage partageaient la même structure. Plus étrange encore étaient les cristaux à la base des arbres et d’autres petits qui parsemaient les haut branchages.

Je me souviens lui avoir répondue par une question : cette forêt est-elle ancienne ?

Eosin ne sut me répondre, mais elle m’indiquait qu’elle était originaire de Terokkar, et que cette partie de la forêt n’avait presque pas changée depuis qu’elle était née. Me révélant le nom de ces arbres, les Olemba, elle me demandait ce que je ressentais.
Je suppose qu’elle devait se dire qu’en tant que kaldoreï j’avais un contact presque mystique et universel avec la végétation dans son ensemble. Je ne voulus pas la décevoir et appliquais la paume de ma main sur le tronc le plus proche. Comme d’accoutumé, je ressentais la vie sous ma peau, mais rien de plus. Je fis mine de me concentrer un instant puis soupirais en avouant ne rien ressentir de particulier.
Par la suite j’expliquais brièvement à ma guide que nous, les kaldoreï, avions un certain lien avec les arbres et la végétation qui nous avaient vus grandir et qu’en somme notre sensibilité s’affinait avec le temps dans notre environnement naturel.





En chemin, Eosin me fit signe de m’arrêter. Un worg argenté croisait notre chemin. Tout aussi agressif que ceux d’Azeroth, celui-ci sentit notre présence et se préparait à faire de nous son repas. De quelques traits bien ajustés, ma guide et moi-même mettions un terme aux intentions du worg. Devant sa dépouille, je demandais à Eosin si elle savait si les worgs étaient originaires de Draenaor. Elle me répondit par l’affirmative en en complétant sa réponse par le fait que de tout temps cette espèce de loup était associée aux orcs, eux aussi natifs de ce monde.

En examinant le cadavre du worg je cherchais un indice qui puisse me mettre sur la piste d’une différence entre l’espèce native de Draenaor et celle d’Azeroth. Mais rien. Morphologiquement, les différences étaient si mineures si infimes, que j’en venais au constat que ce worg aurait très bien pu rôder en Azeroth et qu’il était en tout point semblable à ces congénaires.

Je demandais en me relevant si Eosin avait l’intention de prendre sa peau. Car après tout, c’était elle qui l’avait débusqué la première, c’était donc sa proie. La réponse d’Eosin fût surprenante. Elle m’assurait que la dépouille de ce worg devait rester ainsi et qu’elle retournerait à la terre, là-même ou la bête était morte.

J’expliquais aussitôt à ma guide que nous-autres chasseresses kaldoreï, nous considérions qu’une proie devait toujours être dépouillée. Que le cycle de la mort et de la vie se devait d’avoir un sens, et que par conséquent, dépouiller le gibier rendait hommage à la chasseresse et honorait le gibier puisque celui-ci n’était pas mort en vain. Sa fourrure, sa chaire et ses os participerait au prolongement de la vie et qu’il devait en être ainsi, telles étaient les lois ancestrales de la chasse.

Eosin eut comme un sourire et m’invitait à dépecer son gibier. Le la remerciais pour son présent et dépouillais le worg.





Par la suite, ma pisteuse me mena voir des phalènes. Elle-ême était accompagnée d’un de ces papillons. Pour la première fois je pris le temps de contempler ces créatures dans leur environnement naturel. Il est vrai que cette espèce s’est acclimatée en Azeroth et depuis peu même Darnassus en héberge quelques uns. Mais à Terokkar, je pus m’apercevoir à quel point les phalènes étaient en harmonie avec leur environnement.




Guidée par Eosin, je découvrais encore bien d’autres espèces vivant dans la forêt. Nous vîmes des traqueurs du néant, des basilics, des araignées aux reflets de cristaux, et ces curieux hommes oiseaux que l’on nomme arrakoas.
Plus j’en voyais, plus j’avais de questions. Comment cohabitaient toutes ces créatures ? Certaines semblaient avoir subies l’influence corruptrice de la légion, d’autres non. Les olembas ou ces araignées pouvaient bien avoir un lien avec les cristaux.

Cette excursion n’avait qu’exacerbé ma curiosité.

Les jours qui suivirent mon expédition dans la forêt de Terokkar je les passais à Shattrath. Là, au centre du sanctuaire, non loin des émissaires cénariens, je retrouvais Nësa et la grande anachorète. A chaque occasion qui m’était donnée, je profitais pour leur livrer mes observations et mes hypothèses.

Ma première observation concernait les olembas, ces arbres dont les racines avaient pied auprès de ces grands cristaux. Je faisais part à Nësa du fait que sur les jeunes pousses que l’on trouve tout près de des portes on distingue bien cette proximité entre cristal et végétal. Je n’avais pas fini le compte rendu de mes observations qu’elle, ou la grande anachorète, me demandais si j’avais vu des graines d’olembas. A ma grande surprise, elles me dirent que ce que je prenais pour des cristaux pris dans les hautes branches étaient en fait les graines en question.

Je ris de ma méprise et poursuivais sur l’étrange alchimie qui liait visiblement ces arbres aux cristaux. Là aussi, elles me révélèrent que l’origine des cristaux qui parsèment Terokkar n’est pas aussi ancienne que je pouvais bien le croire. Ces derniers provenaient de l’explosion qui avait ravagée « l’arche » qui trône aujourd’hui en ruine dans ce désert d’ossements. Elles ajoutèrent que cela s’était produit il y a moins d’un siècle. Je dus accepter que ma théorie, ou plutôt mon hypothèse, d’une osmose entre végétal et minéral n’avait que peu de fondement dans laps de temps aussi court.

Au fil de nos conversations il m’apparaissait comme évident que l’environnement des restes de Draenor était biens trompeurs. Non seulement la faune et la flore subissaient ou avaient subis l’influence de la Légion et ses conséquences, mais que les récent retournements de situations et les Naarus eux-mêmes influaient sur l’environnement.
Grâce à la grande anachorète et à Nësa, je m’apercevais que ce que l’on peut observer aujourd’hui de Draenor est en quelque sorte un amalgame des différentes strates de l’histoire de ce monde. J’en venais au constat que différencier les espèces et leur évolution depuis la Draenor primordiale était une entreprise extrêmement ardue. L’arrivée des Naarus suivis de peu par la Légion avait probablement bouleversé ce monde dans un va et vient au grès des guerres. Le fait que la Légion avait asservie des espèces, comme les orcs par exemple, pouvait tout simplement signifier que presque toutes les formes de vie s’étaient développées sous influence. Avec l’ouverture du portail et la destruction physique engendrée, mes espoirs de retracer la corruption à partir d’un point zéro, qui serait l’état naturel, étaient bien maigres.

Il me fallait repenser à ma méthode d’investigation, mieux comprendre ce que j’avais sous les yeux.




J’ajoutais mes derniers croquis réalisés à Terokkar au carnet avant de me pencher sur une nouvelle méthodologie.

Le marécage de Zangar

Après une bonne semaine de repos, durant laquelle je mettais au propre mes notes, le besoin de retrouver le frisson de la chasse me tenaillait à nouveau. Sur le départ, alors que je bavardais quelques instants avec les druides installés à Shattrath, j’eu la bonne surprise de voir arriver Nësa et la grande anachorète.
Nous échangeâmes toutes nos dernières impressions, quand je me permettais de leur faire part de mon envie de retrouver mon équilibre en allant chasser. Après quelques hésitations sur la meilleure destination, nous convenions ensemble d’aller au marécage. Il devait bien y rester quelques nagas désorientés à traquer pour satisfaire mon envie d’action.

Un peu plus tard, nous étions toutes trois sur la route. A la frontière du marais, là où les olembas laissent place aux champignons, la grande anachorète quittait le chemin pour nous conduire au pied d’un jeune arbre. Me désignant l’olemba, elle me révélait que ceux-ci sont effectivement liés aux cristaux qui poussent à leurs racines, mais que ce lien n’était pas celui que j’avançais dans le carnet de note. Selon la grande anachorète, le cristal qui semble pousser de concert avec l’arbre est en fait un reliquat d’une graine non éclose. Surprise, mais fascinée par la simplicité et l’évidence de ce constat, je remerciais la grande anachorète. C’est à ce moment que Nësa, un brin narquoise, me soufflait que ce que venait de me dire la grande anachorète était tiré de mythes contés aux jeunes draeneïs.

Légèrement perplexe, je faisais rapidement une rapide comparaison entre les dires de la grande anachorète et mes constatations précédentes. L’une dans l’autre, ces deux théories ne s’opposaient pas fondamentalement. Le cristal et l’arbre se développaient tous deux ensembles. Que le cristal soit un minéral extérieur, ou une graine non éclose, ce qui importait était que la grande anachorète venait de me confirmer la cohabitation et l’union de ces deux éléments.




Après cet arrêt, nous reprenions la route des marais. Alors que mon regard était captivé par tous ces spores rougeoyant qui flottaient dans l’air ambiant, nous fûmes rejoins par une autre draeneï. Elle était montée sur un dent-de-sabre, ce qui éveillait ma curiosité. Ne voulant pas donner l’impression d’attendre une explication de sa part, je passais ce fait sous silence et me présentais. Yavëkamba, comme elle se nommait, semblait elle aussi au service de la grande anachorète.
C’est ainsi à quatre, que nous poursuivions notre chemin sur les pontons bâtis dans l’ombre des grandes ombrelles des champignons.




Peu après, alors que je m’approchais d’un sporptère en compagnie de la grande anachorète, nous étions rejoins par Eosin, la jeune pisteuse.
Face à ce sporoptère, je faisais part mes réflexions et de mes observations à celle qui me guidait. Je lui demandais si la faune du marécage n’était pas en majorité composée d’espèces végétales. La grande anachorète me répondit par l’affirmative. Nous énumérions alors ensemble toutes ces formes de vie si étranges à mes yeux : sporoptères, trotteurs, sporelins, géants fongiques…

Comme encouragée par la grande anachorète, je lui faisais part de mon émerveillement pour cet écosystème vivant et unique où le règne végétal se diversifie au point de prendre la forme d’une faune animale.

En pleine réflexion, nous fûmes interrompus par une nouvelle venue. A en juger par la réaction de la grande anachorète et de Nësa, cette draeneï ne devait pas être des leurs. Alors qu’une conversation débutait en langue indigène, je rejoignais Eosin pour observer les trotteurs et les créatures que l’on appelle ici aussi des hydres.




Le marécage était si vaste et si grouillant de vie qu’il m’est apparut impossible de l’explorer en une courte soirée. Je remis donc mes observations à plus tard, mais me promettant de revenir bientôt pour poursuivre mes études sur la faune et la végétation.


Tard dans la soirée, Yavëkamba et Eosin nous saluèrent avant prendre un autre chemin. Nësa et moi avions vraiment envie de jeter un œil sur les restes d’activité des nagas. C’est un peu à contrecœur que la grande anachorète acceptait de nous accompagner.

Plus tard, au lieu-dit du réservoir, je devais comprendre la raison de cette réticence…

Déjà plus d’un cycle lunaire j’arpentais l’Outreterre en compagnie de mes hôtes draeneïs. Jour après jour j’apprenais à mieux les connaître, à les distinguer les unes des autres et même parfois, à comprendre les mimiques sur leurs visages.

Ma reconnaissance était grande à leur égard. Avec elles, la grande anachorète et sa championne Nësa, j’avais pu en apprendre plus sur le terrible destin de cette planète. Avec Eosin, la jeune chasseresse, j’avais pu examiner en détail cette faune locale portant la marque de la corruption. Avec l’ancienne au caractère bien trempé, j’avais pu soumettre mes observations et obtenir des réponses laconiques, mais empreintes de sagesse. Sans oublier Yavëkamba la guerrière, avec qui le contact était si facile et franc.

Je me sentais en confiance et n’hésitais plus à leur faire part des interrogations ou des affirmations des druides de l’expédition que je fréquentais assidument. C’est justement à la suite de notre escapade dans les marais, après avoir comparé les hydres d’ici et celle d’Azeroth, qu’un détail allait me mener à ma plus grande découverte.

Ces créatures que nous appelions hydre, ici comme chez nous, n’avaient en réalité aucuns liens. Leurs morphologies si différentes, tant dans l’ossature que dans leur cuir ne laissaient plus de place aux doutes. C’est en me rendant compte de la confusion générée par ce simple mot que je ne pus m’empêcher de lancer à ce druide : « et alors, qu’en est-il des anciens ? ici comme chez nous, leur présence est avérée, sont-ils semblables ? ou est-ce à nouveau une faiblesse de vocabulaire qui nous induit en erreur ?»
Je me souviens du visage perplexe de ce druide alors qu’il m’assurait que les anciens, qu’ils soient originaires d’Outreterre ou d’Azeroth, partagent la même nature, celle de gardien d’un environnement.
Moi qui cherchais déjà depuis tant de temps un lien, une parité entre nos deux mondes, voilà que cette évidence se dévoilait. Si nos anciens de Kalimdor partageaient la même essence que ceux de Draenor, cela voulait dire que la mémoire de l’Outreterre n’était pas perdue à jamais. Ces anciens étaient la clé.




Alors que je retrouvais la grande anachorète et Nësa en pleine audition, je ne résistais pas à leur faire part de cette évidence qui m’était passée sous les yeux tant de fois. Ne pouvant interrompre leur cérémonie d’accueil, sur les conseils de Nësa, je me tournais vers l’ancienne à qui j’expliquais ma démarche.
L’ancienne portait bien son nom, elle était d’un naturel dur et sec. D’elle émanait une sorte d’omniscience et de fatigue. Même si ma conversation enthousiaste ne trouvait pas de répondant, cette prise de contact allait m’encourager dans mes recherches.




Ce n’est que quelques soirs plus tard, que convoquée par la grande anachorète, je me rendais avec l’ancienne au donjon de la tempête. Mes déclarations sur les anciens n’étaient pas restées lettres mortes. J’avais le sentiment que ma quête touchait à son but.

C’est donc en compagnie de Nësa, de l’ancienne et de la grande anachorète que j’explorais ce laboratoire qui avait été autrefois aux mains des botanistes elfes de sang. A mesure que nous parcourions les salles désertes, je me rendais compte à quel point la nature avait été dénaturée par ces expériences. Ca et Là, des plantes hors sol aux couleurs et à l’éclat artificiel. Je me souviens ne pas avoir été la seule à ressentir un malaise face à cette vie aberrante.
Durant notre visite, la grande anachorète me narrait l’histoire de ce lieu et de la raison pour laquelle il est aujourd’hui désert. A l’entendre, la nature, même contrainte par tant d’expériences s’était rebellée sous l’impulsion d’un ancien captif. A ces mots, ma curiosité était à son comble. Un ancien, ici ? encore en vie ?

Ma surprise fût intense quand j’aperçus la silhouette du vénérable être. Au premier abord, il ressemblait à l’ancien de la guerre qui éduque les jeunes guerrières à Darnassus. Mais en s’approchant, nous constations toutes qu’a la place de ses défenses, des cristaux s’étaient développés. J’avais d’innombrables questions, voulais l’approcher, mais mes compagnes me mirent en garde. Le soulèvement qu’il avait initié avait été l’œuvre de sa folie, ou de ses troubles. L’approcher était hors de question.




Sur le retour, ma tête bouillonnait, tant d’évidences, mais encore si obscures. Le lien entre l’essence de la vie, l’environnement et les anciens était limpide. Ils étaient les témoins vivants des corruptions, des changements, des adaptations. Ils étaient en partie la clé pour comprendre les mutations qui affligent encore nos terres de Kalimdor.

A l’invitation de la grande anachorète, je la suivais dans ses appartements de l’Aldor. Nous eûmes une passionnante conversation au sujet de la lumière. Dans un cadre chaleureux, nous échangions nos vues sur les principes qui dirigent les mondes…




Au réveil, je me dirigeais en direction de la terrasse pour observer le levé su jour sur ce monde qui n’est plus si différent du mien à mes yeux. En contemplant les premières lueurs, je ne pu réprimer une profonde vague de nostalgie. Kalimdor, tes forêts primaires, tes eaux claires… tout cela me manquait. J’avais l’impression que la poursuite de ma quête se ferait sur mes terres natales.

C’était nos anciens, les fils et les filles de Cénarius, les driades, les esprits de la nature sauvage qui pourraient m’aiguiller dorénavant.

Avant de quitter Shatrath, je remetais mon carnet de voyage aux gardiens d’Aldor avec un dernier mot pour tous ceux et celles qui m’avaient tant aidée.

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